Grußwort von Maurice Chevalier beim Auftritt von Marlene Dietrich im Theatre de l’Étoiile, Paris, am 28. November 1959
Mesdames,
Messieurs,
Voulez-vous me permettre, d’abord, de vous saluer et de vous assurer de ma joie d’être parmi vous.
Marlène n’a besoin d’être présentée nulle part au monde. Marlène est, depuis „L’Ange bleu“, devenue une légende dans notre profession et est fêtée comme telle dans quelque coin du monde où elle choisit de se produire.
J’ai eu la chance de faire partie, à Hollywood, du même studio, Paramount, lorsqu’elle arriva d’Allemagne pour son premier film américain, en 1930, en compagnie de son metteur en scène, le talentueux von Steinberg. .
Sa loge se trouvait à dix mètres de la mienne, dans la grande cour du studio, et sa venue fit sensation surtout parmi l’élément masculin.
Lorsqu’elle passait, nonchalante, presque indifférente, devant nos fenêtres, on pouvait apercevoir le nez de Maurice, puis le cou de Gary Cooper, puis les têtes des séducteurs de l’écran qui la suivaient à la trace comme des cabots affamés.
Et il y avait de quoi.
Nous en étions tous amoureux. Elle semblait d’ailleurs ne pas s’en apercevoir, jamais son souple et merveilleux corps lançait des effluves qui nous laissaient tous pantelants.
Nous devînmes (je parle bien tout de même, non ?) elle et moi, de très bons amis du fait qu’elle parlait français parfaitement et parce que c’était tout de même mieux d’être son ami que rien du tout.
Et depuis tant d’années, la vie m’a appris à comprendre que cette princesse de féminité avait en elle de surprenantes forces masculines d’amitié et d’énergie.
Son courage, d’ailleurs, a prouvé en maintes circonstances, que son coeur était trempé du métal des exceptionnelles.
Elle nous en donne une autre preuve ce soir, Mesdames, Messieurs, en mettant en jeu sa légende, pour se présenter bravement devant le public le moins facile du monde, dans une spécialité de music hall qui n’avait jamais été sa partie et qui est bien la plus périlleuse.
Mesdames et Messieurs, je ne vous demande pas de l’aimer et l’admirer autant que moi je l’aime et l’admire. Je deviendrais jaloux de vous et nous aurions des histoires, Mais si vous lui accordez seulement la moitié de mon sentiment, alors, ce soir, Mesdames et Messieurs, ce grand soir, Paris va étreindre, Paris va aimer la seule et unique, the one and only, Marlène Dietrich.
Dank an Valentina und Jean-Michel Briard